Comment diminuer les ruptures de contrats d'alternance ?

CIMES teamGroupe Cimes

Créer un million de nouveaux contrats d'apprentissage par an d'ici à 2027, tel est l’objectif qu’a fixé le président Emmanuel Macron. Cependant, l'étude annuelle de l’Observatoire de l’alternance révèle qu’en 2022, 20 % des alternants déclarent avoir rompu leur contrat en cours d’alternance. Nous avons interrogé Olivier Gauvin, Délégué Général de l'Association Walt, à l’initiative de l’Observatoire de l’alternance, pour partager les résultats de cette étude et parler de ce taux de rupture important avec les recommandations pour y remédier.

Pourriez-vous dire quelques mots sur le rôle de l’Observatoire de l’Alternance et votre fonction en son sein ?

Olivier Gauvin : Le rôle de l’association Walt est de promouvoir et valoriser l'alternance. Elle a aussi l’ambition d’aider les jeunes à s'orienter, depuis la découverte des métiers jusqu'au choix de l'offre de formation et l'offre d'emploi en s’appuyant sur divers outils numériques et physiques. L’association possède même un bateau baptisé Captain alternance, qui a fait la route du Rhum.

Elle travaille également à sécuriser les parcours des jeunes de 16 à 30 ans, en développant des outils au bénéfice des CFA (centres de formation d'apprentis), mais aussi des entreprises et des alternants pour éviter les taux de rupture.

En 2020, Walt avait lancé une étude pour calculer le gain que représentait un euro investi dans l'apprentissage pour les trésors publics. Puis elle a lancé l’Observatoire de l’alternance qui mène une étude avec BVA chaque année. À cette occasion, nous interrogeons 600 dirigeants d'entreprise et 500 alternants pour connaître leur vision de l'alternance avec les points forts et les axes d'amélioration.

Premier enseignement de l’étude : l’alternance est un dispositif qui semble plaire autant aux entreprises qu’aux étudiants alternants ? Pourquoi ?

Olivier Gauvin : Le baromètre révèle que les entreprises (88 %) ainsi que les jeunes (87 %) expriment une grande satisfaction à l'égard de l'alternance.

Pour les apprentis ou les alternants, l’alternance permet d’acquérir des compétences et une expérience professionnelle dans le monde dans l'entreprise. Elle offre également une autonomie, puisqu’elle donne lieu à une rémunération. Enfin, cette pédagogie alternée permet d’obtenir le même diplôme qu’un cursus scolaire classique.

Pour les entreprises, l’alternance répond à un enjeu de ressources humaines : offrir la possibilité de recruter de futurs collaborateurs et de pouvoir les former aux méthodes de l'entreprise. Elle dispose ainsi d’un vivier de talents qu'elle va pouvoir fidéliser et convertir en CDI à la fin de la période d'apprentissage.

L’aspect financier est également intéressant. Depuis 2020, un plan de relance a permis d’encourager le développement de l'alternance, parce qu'il existe des incitations financières au recrutement d'un apprenti.

Premier enseignement de l’étude : l’alternance est un dispositif qui semble plaire autant aux entreprises qu’aux étudiants alternants ? Pourquoi ?

Olivier Gauvin : Le baromètre révèle que les entreprises (88 %) ainsi que les jeunes (87 %) expriment une grande satisfaction à l'égard de l'alternance.

Pour les apprentis ou les alternants, l’alternance permet d’acquérir des compétences et une expérience professionnelle dans le monde dans l'entreprise. Elle offre également une autonomie, puisqu’elle donne lieu à une rémunération. Enfin, cette pédagogie alternée permet d’obtenir le même diplôme qu’un cursus scolaire classique.

Pour les entreprises, l’alternance répond à un enjeu de ressources humaines : offrir la possibilité de recruter de futurs collaborateurs et de pouvoir les former aux méthodes de l'entreprise. Elle dispose ainsi d’un vivier de talents qu'elle va pouvoir fidéliser et convertir en CDI à la fin de la période d'apprentissage.

L’aspect financier est également intéressant. Depuis 2020, un plan de relance a permis d’encourager le développement de l'alternance, parce qu'il existe des incitations financières au recrutement d'un apprenti.

L'étude annuelle de l’Observatoire de l'Alternance met aussi en garde sur le taux de rupture de contrat de 20 %. Qui est à l’initiative des ruptures ?

Olivier Gauvin : Effectivement, une des premières questions de l’étude est “avez-vous rompu votre contrat ?” 20% des jeunes interrogés répondent “oui”. La plupart du temps, elle intervient au début de leur phase d'apprentissage.

Nous en avons déduit que nous devions mettre en œuvre des actions pour sécuriser les parcours. C’est tout autant le rôle du CFA, que de l'entreprise et de l'apprenti.

Quelles sont les causes de rupture de contrat que l’étude met en lumière ?

Plusieurs facteurs interviennent.

Il peut s’agir d’une mauvaise orientation. L'alternant a fait le choix d’un métier ou d’une filière et constate un écart important entre ce qu'il a projeté et ce qu'il vit dans la réalité. Il peut se dire au bout de deux semaines : “j'arrête mon alternance”.

La nouvelle génération semble avoir cette capacité à rompre plus facilement les contrats qu'à une certaine époque.
Ensuite, il peut y avoir une faiblesse sur la phase d’intégration. Certains alternants interrogés ont déclaré qu’ils ne savaient même pas qu'ils avaient un tuteur.

L’Observatoire de l’alternance souligne l'importance de l'expérience proposée par les entreprises aux talents tout au long de la collaboration afin de les fidéliser. Quelles sont les propositions de l’étude à ce sujet ?

Tout d’abord, il doit y avoir un vrai lien entre le CFA et l'entreprise. Il faut s’assurer qu’il existe une synergie entre le monde de l'entreprise et le monde de l'école. Je dis souvent que l'apprenti ou l'alternant est en garde alternée.

Les entreprises aujourd'hui ont des difficultés à gérer le comportement des alternants, les fameux soft skills, en particulier avec un public très jeune qui n’est pas familier avec le contexte professionnel. L’alternant ne doit pas seulement acquérir des compétences techniques.

Autre problème : l’alternant signe un contrat en juin et la rentrée a lieu en septembre. Pendant deux mois, il n’y a plus de contact entre l’entreprise et son futur alternant. Parfois, il n'y a personne le jour de la rentrée (parce que l’alternant a trouvé une autre entreprise entre-temps).

Nous pouvons donc mettre en œuvre des actions pour sécuriser le parcours, du premier contact avec la signature du contrat jusqu'au premier jour effectif dans l'entreprise, puis après l'accompagnement du tuteur (ou du maître d'apprentissage).

Par exemple, imaginez que vous êtes un apprenti. Quand vous arrivez dans une entreprise, souvent la première question que vous vous posez, c'est : “avec qui vais-je manger à midi ?” Donc quand nous parlons de l’intégration, c'est parfois vraiment du détail. Cela consiste aussi à mettre en place un kit d’intégration, réserver un temps d'échange le matin quand l’alternant arrive, prévoir un temps de découverte de l'entreprise, etc.

Il ne faut pas oublier de prévenir les autres collaborateurs que l'apprenti est là pour apprendre. Il n'est pas là pour remplacer un salarié à temps plein.

Autre problématique, beaucoup d’entreprises recrutent sur le CV. Est-ce qu’il ne faudrait pas plutôt recruter sur la motivation ou l’engagement ?

Pour résumer, si nous voulons diminuer le taux de rupture des contrats, nous devons mettre en place un faisceau d'actions depuis le recrutement, jusqu’à l’intégration et au-delà. Ceci inclut l'accompagnement par un tuteur ou un maître d'apprentissage qui a été formé ou sensibilisé au tutorat. C'est l'intégralité d'une expérience employée qui compte. Et c'est là-dessus que nous souhaitons travailler avec nos partenaires, afin de pouvoir aider les entreprises sur ce sujet-là.

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